Né en 1965 à Liège, Serge DELAIVE baigne dans les livres et goûte à l’effervescence du monde littéraire dès sa plus tendre enfance en voyant défiler chez lui des écrivains grâce à ses parents, mécènes qui président aux destinées de L’Atelier de l’Agneau, maison d’édition d’avant-garde dirigée par le peintre, graveur, dessinateur, imprimeur de génie Robert Varlez. Adolescent, il se passionne pour l’auteur de science-fiction Philip K. Dick, les bandes dessinées d’Hugo Pratt et pour Rimbaud avec lequel il partage un goût pour le latin qui lui fait découvrir les possibilités de la langue et ses tréfonds. Un peu plus tard il lit Conrad, Melville, Cendrars, Buzzati, Calvino, Borges, Matthiessen mais surtout Lowry, London et Yeats et commence à écrire des poèmes à vingt ans.
Grâce à une rencontre déterminante sur les bancs de l’université avec Karel Logist, auteur du Séismographe, un premier recueil atterrit entre les mains de la poétesse Liliane Wouters. Remanié, il deviendra Légendaire paru en 1995 dans la collection Feux qu’elle dirige aux Eperonniers. Il crée en 1998 la revue littéraire Le Fram qui acquière en 2000 le statut d’éditeur en publiant un recueil de Jacques Izoard. Le Fram compte aujourd’hui une quinzaine de titres à son catalogue dont des livres d’Eugène Savitzkaya, Antonio Moyano, Caroline Lamarche, Rossano Rosi, Laurent Demoulin, Valérie Nimal ou Tom Nisse. C'est par l’intermédiaire de la revue qu'il se lie d'amitié avec l'écrivain Frédéric-Yves Jeannet.
L’oeuvre de Serge Delaive, balançant entre poésie et fiction romanesque et parcourue par des personnages récurrents, est imprégnée par le voyage, le suicide de son père, des questionnements sur le temps ou le quotidien, et n’a de cesse de s’interroger sur l’identité dans une écriture originale, travaillée mais sans ornement, parfois âpre et amère.
En 2001, Le livre canoë achève la Trilogie Lunus/Poèmes commencée avec Légendaire et Monde jumeau. Entre séquences de vers libres, poèmes courts et textes en prose, Serge Delaive nous entraîne vers Vientiane ou Buenos Aires où l’on croise d’ailleurs quelques silhouettes qui réapparaîtront dans Argentine. Lyrique ou heurtée cette poésie dit la fuite, la mort violente, le suicide et l’abandon. Dans Café Europa, on retrouve Lunus, personnage d’un roman gigogne, récit de voyage et tout autant récit initiatique. On le suit dans un univers où les repères géographiques font défaut pour nous mener à réfléchir sur le temps et les soubresauts de la mémoire dans un récit élaboré entre prose et poésie. Après Poèmes sauvages, il réécrit Temps du rêve, roman qui paraît en janvier 2008 sous le titre de L’homme sans mémoire où cinq personnages, peut-être quatre, peut-être un seul rêvent dans des époques et des lieux mêlés, en quête de réponses à des questions informulées. En 2009, c’est la consécration avec Argentine qui reçoit le prestigieux prix Rossel. On y retrouve encore une fois Lunus, entre 2000 et 2020, entre l’Amérique du Sud et l’Europe. Chaque personnage emprunte sa voie personnelle dans une quête incessante, celle du père, de la liberté, de l’anarchie. Ils disparaissent, se recherchent et le récit est un véritable puzzle à reconstituer, mettant le lecteur face à l’inattendu qui peut se glisser au milieu des phénomènes les mieux ordonnés.
Par ailleurs passionné de photographie, il réalise des expositions en 2007 et 2008 à Liège, Paris et Amay avant d'autres expositions prévues dans les années à venir.
Avec Paul Gauguin, une étrange attraction, son dernier essai, il propose une réflexion ludique sur la création artistique à partir du tableau ultime de Paul Gauguin :" D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?" Dans ce court texte tout à la fois biographie et confession, il met au jour une démarche de connaissance de soi, renvoyée de l’artiste vers l’observateur, via l’oeuvre. "C’est toujours la même histoire : celle d’un homme qui se cherche dans un monde qui le perd", écrit-il. "