Transpoesie - Poems

CLEARING OF WORDS

Now I’m a mind: a seed removed from the whole,

confined to the meat, intense. A toy of time

on the curved back of a grain.

The storm scratches on the borders of men.

A lightning draws cold light between me

and the other dense faces.

We are many, ever so many,

we are transitioners, metamorphing.

Translation: Dóra Gabriella Sós

VERBE DÉBOISÉ

Le dédale est sans nom,

n’est que parois mouvantes.

Jadis, je me souviens, plénitude je fus,

aujourd’hui simple fragment, dont je cherche le mot.

Alors j’explore les sentiers,

je cogite avec les pierres,

presse et la Terre et le Ciel de questions,

cherchant ma place parmi les entre-deux.

Désormais, je suis conscience : graine détachée de l’Un primitif,

compacte, enfermée dans un corps. Jouet du temps

sur le dos voûté d’un grain de sable.

À la frontière entre deux humains sévit la tempête.

L’éclair burine une lumière froide

entre moi et les autres figures qui font bloc.

Nous sommes nombreux, très nombreux,

et tous, nous tous, sommes seulement de passage.

De mon regard vide, tronqué, je scrute le verbe déboisé,

le chant ébréché. Leur dessin reste identique,

mais ni l’autre ni l’autre n’a de centre.

Tous voient différemment l’espace qui se dilate,

et chacun, différemment, s’est perdu.

C’est décidé : je dresse une tour,

je veux voir le paysage. Escaladant le dos des autres

je thésaurise du savoir… Mais mon poids me ramène au sol.

Craquement, puis chute. La terre est dure.

Le ciel est mon ultime vision : ample et doux.

Fraîche découverte : aucune distance entre moi et moi.

Le dédale, c’est moi ; la tempête c’était moi.

Les parois, c’est moi qui les avait toutes dressées,

et c’est en moi que s’est reconstitué le paysage :

c’est en moi que j’ai cherché l’issue.

La chair désertée, les mots ne cloisonnent plus.

Les consciences chevronnées brasillent

au contact de l’Œil qui observe et voit tout,

et l’Œil absorbe le savoir.

Toute vie terrestre n’est que lueur

parmi les pensées fulgurantes de l’existence.

C’est ainsi qu’apprend l’univers, il vit à travers nous.

Et si lui-même excède ses limites,

s’ouvre alors devant lui plus miraculeuse Unité.

Traduction: Anett Barna et Thierry Loisel

Sós Dóra Gabriella - SZÓIRTÁS from Transpoesie on Vimeo.

WOORDEN GEROOID

Bewustzijn ben ik nu, een zaadje uit het oer-één,

vast in een lichaam, massief. Een speeltuig van de tijd

op de kromme rug van een korreltje zand.

Op de grens van mens en mens raspt de storm.

De bliksem krast een koud licht tussen mij

en de andere ingeklonken gezichten.

We zijn met velen, talloos velen,

en allemaal slechts op doortocht.

Vertaling: Mari Alföldy

Sós Dóra Gabriella - SZÓIRTÁS from Transpoesie on Vimeo.